43 ans après le séisme d’El Asnam (Chlef), de nouveaux pôles urbains
CHLEF – Quarante-trois ans après le séisme dévastateur de l’ex ville d’El Asnam (actuelle Chlef), le 10 octobre 1980, qui a causé la mort d’au moins 2.600 personnes et détruit à 80 % la Cité, les efforts se poursuivent pour l’édification de nouveaux pôles urbains afin d’améliorer les conditions de vie des citoyens et y éradiquer la crise du logement.
La création de pôles urbains, à l’instar de celui de Chettia, qui a assuré 3.000 logements et de ceux de Chorfa, Hosnia et Ben Souna dans la commune de Chlef, représentant une offre globale de plus de 16.000 unités de différentes formules, a contribué à la reconstruction de ces deux villes (Chettia et Chlef) fortement endommagées par le séisme et à leur donner un aspect urbanistique moderne, a estimé le directeur du secteur, Habib Arkoub.
Pour conforter cette démarche, il a fait part d’une proposition émise par la direction du logement de la wilaya, en vue de la réalisation de deux nouveaux pôles urbains dans les communes d’Ouled Ben Abdelkader et Oued Sly. Le pôle urbain de l’Oued Sly sera réalisé sur une assiette de 400 ha et assurera entre 35.000 à 40.000 logements de différents segments, outre des équipements publics et commodités diverses.
Vu le déficit en foncier accusé, à l’échelle locale, des enquêtes foncières ont été lancées au niveau de 35 communes de la wilaya, afin de déterminer des assiettes constructibles pour l’implantation de nouveaux pôles urbains, conformément aux orientations des autorités centrales et locales, a indiqué, de son côté, le directeur de l’urbanisme, de l’architecture et de la construction de Chlef, Abdelmaoudjoud Khelaifia.
Il a estimé que la réalisation de nouveaux pôles urbains en dehors du vieux tissu urbain, dotés de commodités et équipements nécessaires, contribuera à l’éradication de la crise du logement et à l’amélioration des conditions de vie des citoyens. Une démarche au diapason du thème choisi pour la célébration de la Journée mondiale et arabe de l’habitat (2 octobre), déclinée sous le slogan « L’humanisation des villes, un pilier de la santé mentale des membres de la société ».
Outre les efforts des autorités locales pour la création de nouveaux pôles urbains, la wilaya a bénéficié, en 2022, d’un important programme portant réalisation de 3 000 logements de différentes formules, alors qu’elle a vu la distribution de plus de 800 logements, depuis le début de l’année. Un chiffre qui sera porté à plus de 2.000 logements à la fin 2023 et à 4.000 unités en 2024, selon les données fournies par la direction du logement.
Parallèlement à la création de nouveaux pôles urbains, les autorités de la wilaya œuvrent à la facilitation des procédures d’octroi de l’aide publique destinée au remplacement des chalets, devenus une véritable plaie pour le tissu urbain, après avoir servi, au moment de la catastrophe, à la prise en charge des sinistrés. Ce programme, lancé en 2009, ciblait 18.318 chalets.
Selon M. Arkoub, le programme de remplacement des chalets à Chlef a été concrétisé à 95%. Il a porté sur le versement d’aides, par le Fonds national du logement, au profit de plus de 16.500 bénéficiaires dont les dossiers ont été traités et agréés par la direction du logement.
« Les 800 dossiers restants (sur un total de plus de 16.500) n’ont pas encore perçu la dernière tranche de l’aide, car n’ayant pas atteint le taux fixé pour les travaux à réaliser pour le déblocage de cette tranche », a-t-il précisé.
Le même responsable a fait, par ailleurs, cas de près de 2.000 unités d’habitations en préfabriqué, dont les propriétaires n’ont pas bénéficié de l’aide de l’Etat, en raison de litiges entre héritiers, ou pour avoir bénéficié d’autres programmes de logements, ou encore pour non aplanissement des actes de propriété de ces chalets suite au non-paiement de leur droits de location. Sachant que les délais fixés pour bénéficier de cette aide ont expiré en 2022, après quatre prorogations successives des délais depuis 2018.
10 octobre 1980… Les efforts de solidarité atténuent l’ampleur du désastre
Le souvenir douloureux du 10 octobre s’impose, chaque année, à la mémoire des citoyens de Chlef, qui se rappellent toujours de ce séisme dévastateur qui a frappé leur ville, un certain vendredi à 13 h, en causant d’énormes dégâts matériels, en plus de pertes en vie humaines, dont l’ampleur n’avait d’égale que le formidable élan de solidarité qu’il a suscité tant à l’échelle nationale qu’internationale.
C’est, notamment, le cas de Mohamed Gourine, un habitant de la ville de Chlef (Ex-El Asnam), qui a survécu au séisme du 10 octobre, ayant causé une faille de 36 km de long. Il a confié qu’il n’oubliera jamais les « paysages désolants de bâtisses et immeubles effondrés, mais surtout les images de victimes extraites de sous les décombres et des milliers de familles déplacées ». « Je me souviens, à ce jour, des sinistrés rassemblés sur la Place de la solidarité et des convois d’aides dépêchés de différentes régions du pays dans un élan de solidarité unique, qui a réussi à atténuer les séquelles psychologiques et sociales de cette catastrophe naturelle », a-t-il souligné.
Visiblement nostalgique, un autre habitant du vieux quartier « El Boquaâ », Lakhdar Gharbi, s’est souvenu que « la beauté de la ville d’El Asnam, mêlant l’architecture européenne et arabe, s’était métamorphosée, en un clin d’œil, en lieu de désolation, de décombres et de cadavres » non sans se rappeler « la lueur d’espoir reflétée par les convois d’aides dépêchées de tout le pays ». « Des bénévoles arrivaient par dizaines pour prêter main forte dans les opérations de sauvetage et le soutien aux sinistrés, sans compter les aides en tous genres (alimentaires et autres) », se rappelle t-il comme apaisé à l’évocation de ce souvenir.
En somme, une majorité des habitants de la ville ont souligné, à l’APS, « l’importance des efforts de solidarité tant locaux, nationaux qu’internationaux, dans l’atténuation des séquelles de cette catastrophe, ayant nécessité un accompagnement psychologique de plusieurs années, pour certains « .
L’autre conséquence de ce séisme réside dans l’adoption, désormais, des normes parasismiques dans la construction des édifices et des habitations dans cette wilaya exposée à l’activité sismique, ayant déjà enregistré un violant séisme le 9 septembre 1954.