Révolution: le Chahid Tayeb Djebbar, un des artisans de l’essor de l’action militaire dans la Base de l’Est
CONSTANTINE – Des moudjahidine et des historiens ont souligné, à l’occasion de la commémoration du 65e anniversaire de la mort du martyr Tayeb Djebbar (1930-1958), que ce héros était, durant la Révolution, l’un des artisans de l’essor de l’action militaire dans la Base de l’Est.
Les témoins et historiens approchés par l’APS ont notamment mis en exergue ses contributions à la préparation des combattants de l’Armée de libération nationale (ALN) et son commandement de plusieurs corps d’armée qui ont infligé de lourdes pertes aux forces coloniales françaises.
Apportant un témoignage saisissant sur Tayeb Djebbar, son frère, l’historien Djebbar Djebbar, a rapporté que ce « génie du combat », de son nom de guerre Baghdadi, avait été élevé à plusieurs grades et assumé de nombreuses tâches à travers lesquelles il a participé à la formation du noyau principal de la Base de l’Est, passant de commandant de secteur à commandant de région, puis de commandant de corps-adjoint, responsable de l’armement, à commandant de corps.
Dans son livre « La Base de l’Est, première partie, le Chahid Tayeb Djebbar », publié par la maison d’édition Baha-Eddine, dans lequel il énumère les contributions des révolutionnaires et des dirigeants de l’ALN dans l’établissement de la Base de l’Est et son renforcement en équipements et en hommes déterminés et aptes au combat, M. Djebbar Djebbar, ancien professeur à l’université de Souk Ahras, a déclaré que son frère avait supervisé la formation et la préparation de Moudjahidine sur le territoire tunisien, posant ainsi, à l’automne 1956, les premiers fondements de la Base de l’Est.
Il a évoqué, dans son ouvrage, les débuts de la lutte de Tayeb Djebbar, entamée lorsqu’il avait participé, en octobre 1955, à sa première bataille entre les villages de Machrouha et d’Ain Sennour où une embuscade qu’il avait dirigée avait permis la récupération de nombreuses armes automatiques et de grenades.
Un fait d’armes qui lui a permis de devenir le commandant du secteur d’Ouled Bechih, au nord de Souk Ahras.
Ses victoires et l’expérience du combat qu’il a commencé à acquérir ont contribué à sa promotion au rang de commandant de région.
Le défunt Moudjahid commandant, Tahar Saidani, auteur du livre « La Base de l’Est, cœur battant de la Révolution », a souligné que Tayeb Djebbar était en contact permanent avec les dirigeants de la région de l’Est, en particulier Omar Djebbar, Sebti Boumaraf, Slimane Belaïchari, Mohamed-Cherif Asfour, Abderrahmane Bensalem et Mohamed Aouachria, lesquels impressionnés par sa stratégie militaire, l’ont impliqué dans le processus d’organisation militaire jusqu’à ce qu’il devienne l’adjoint du commandant du 2ème corps d’armée, en juin 1957.
Il s’était ensuite vu confier la responsabilité de l’armement à Ghardimaou (Tunisie) puis, enfin, chargé de superviser, toujours en Tunisie la formation et l’entraînement du 5ème corps d’armée dont il devint le commandant en avril 1958.
Le regretté Tahar Saidani avait ajouté, dans son livre, que la Base de l’Est, qui englobait plusieurs régions du nord-est du pays (Souk Ahras, El Tarf et Tébessa, notamment) s’était rapidement engagée dans la lutte armée, mettant en œuvre, avec efficacité, les plans militaires élaborés par « les militants entreprenants » de cette région, à l’image de Zine Abbad et Badji Mokhtar, ce dernier ayant rejoint la Révolution dès son déclenchement, et qui fut l’un premiers chefs combattants algériens à mourir au combat, le 20 novembre 1954.
Militant du mouvement national dès 1946
Selon l’auteur de « La Base de l’Est, cœur battant de la Révolution », la Base de l’Est avait été préparée avant le déclenchement de la glorieuse Révolution grâce à la contribution de ses hommes à la lutte tunisienne pour l’indépendance et à l’implication de nombreux Algériens dans l’action politique, notamment Tayeb Djebbar, qui a rejoint le mouvement national en 1946 où il prouva son intégrité et son amour de la patrie.
Cela lui valut, d’ailleurs, bien des déboires avec les autorités d’occupation françaises, plusieurs années avant le déclenchement de la Révolution.
De son côté, le secrétaire de wilaya de l’Organisation nationale des Moudjahidine (ONM) de Souk Ahras, Larbi Oudhaïnia, a confirmé que le martyr « Baghdadi » (Tayeb Djebbar), qui avait été élevé à plusieurs grades dans la hiérarchie de l’ALN, était surtout connu et apprécié pour son efficacité dans la Base de l’Est, en particulier dans l’approvisionnement en armes des wilayas 2, 3 et 4 historiques.
Il s’était vu ensuite confier, selon la même source, le commandement du 5ème corps, composé de plusieurs bataillons, et qui avait « une mission de terrain de nature spéciale dans les opérations militaires ».
Il a ajouté que le 3 octobre 1958, le Chahid Tayeb Djebbar avait mené une opération « qualitative » dans la zone de Boukhandef sur les montagnes de Hammam Beni-Salah où il a affronté, à la tête de ses hommes, les forces françaises, en très grand nombre, appuyées par l’aviation et soutenues par les forces spéciales.
Un fait d’armes confirmé par l’historien Djebbar Djebbar dans son livre, lorsqu’il déclare que cette opération s’est rapidement transformée en « bataille féroce » qui a duré plus de 3 jours et qui s’est soldée par d’importantes pertes dans les rangs de l’armée coloniale.
Une bataille durant laquelle 36 Moudjahidine sont tombés au champ d’Honneur, parmi eux le commandant du 5ème corps, Tayeb Djebbar, tombé en héros, le 3 octobre 1958, alors qu’il tentait d’abattre un avion ennemi dans la région de Boukhandef, dans les montagnes de Hammam Beni-Salah.
Cette bataille avait fait la une des journaux français les plus importants, qui se sont inquiétés de l’évolution de la situation militaire à la frontière Est et de ses répercussions sur les plans et les projets militaires du colonialisme français.
Pour rappel, la wilaya de Souk Ahras avait commémoré, le 3 octobre dernier, le 65ème anniversaire de la mort du Martyr Tayeb Djebbar, en présence des autorités civiles et militaires, de Moudjahidine et de citoyens.