Révolution du 1er novembre 1954: les Ghouts, lieux stratégiques pour les Moudjahidine de Oued-Souf
EL-OUED – Connus pour leur vocation agricole dans la région de Oued-Souf (El-Oued), les Ghouts, zones de dépression terrestres servant de potager-verger, ont été convertis, par la force des choses durant la Glorieuse guerre de libération nationale, en lieux stratégiques pour combattre les forces coloniales et mettre en échec leurs desseins d’asseoir une domination sur le territoire national.
Clairvoyants de ce système oasien ingénieux de Ghouts, enfouis en milieu sablonneux et désertique à l’abri de l’ennemi, les Moudjahidine de la région ont, connaissance du terrain aidant, opté pour l’organisation des formations et le lancement des combats et des assauts depuis ces Ghouts, en les transformant en théâtres de hauts faits d’armes contre le joug colonial.
Patrimoine phœnicicole décimé et troncs de palmiers carbonisés sont encore les stigmates des bombardements aériens et d’obus d’artillerie coloniale ayant ciblé ces zones, à l’instar de Ghout-Kriyem, dans la commune de Hassi-Khelifa, Ghout-Chica de Sid-Aoune, Ghout-Debidibi de Robbah et Ghout-Soltane à Taghzout, dont les dénominations renvoient à des propriétaires terriens engagés dans le soutien de la Révolution.
La célèbre bataille Ghout-Kriyem (30 km Est de Hassi-Khelifa), livrée le 17 novembre 1954, est considérée comme une des grandes épopées pour le recouvrement de l’indépendance et de la souveraineté nationale, a souligné l’historien Ali Ghenabziya, de l’université d’El-Oued, qui a affirmé que cette bataille, menée par 13 Moudjahidine, sous le houlette du Chahid Mohamed Lakhdar Amara, connu sous le nom de guerre « Hamma Lakhdar », a fait des morts et des blessés dans l’armée coloniale, et causé d’importants dégâts matériels dans les rangs de l’ennemi.
L’histoire retiendra aussi la bataille de Ghout-Chica, menée entre les 8 et 10 août 1955, près de Djedid-Ouest, dans la commune de Sid-Aoune, à 30 Km Nord-est d’El-Oued. Cette bataille a été, de l’avis d’historiens, un prélude aux offensives du Nord-Constantinois, le 20 août 1955 visant à desserrer l’étau sur la région des Aurès et à approvisionner davantage la Révolution en armes et munitions.
Dans ce cadre, le Moudjahid Bachir Abadi a indiqué que cette bataille à laquelle ont pris part plus de 30 Moudjahid, est l’un des affrontements les plus féroces avec les forces coloniales françaises dans la région où sont tombés au champs d’honneur six (6) martyrs, en sus de 14 blessés, alors que les forces coloniales ont essuyé d’importantes pertes humaines, en plus de la destruction de quatre avions et de nombreux véhicules militaires.
De son côté, l’enseignant Mohamed Salah Benali, chercheur en historie de la Révolution, a relevé que la bataille Ghout-Debidibi, le 15 janvier 1956, près du village de Debidibi, à une dizaine de km au Sud d’El-Oued, a été une action héroïque menée par les Moudjahidine contre une armée coloniale appuyée par l’aviation, et durant laquelle 25 sont tombés en martyrs et une dizaine de combattants ont été blessés.
Selon le Moudjahid et historien Sâad Benbachir Lâamamra, ces hauts faits d’armes s’ajoutent à la bataille de Ghout-Soltane, enclenchée le 16 janvier 1956 dans la commune de Taghzout, en continuité aux opérations et combats menés dans la région, qui a fait sept martyrs au sein des Moudjahidine, contre d’importantes pertes humaines et matérielles dans les rangs des forces coloniales.
La région de Oued-Souf a recensé, après l’indépendance, de nombreux Ghouts ayant servi de lieux sûres, d’entrepôts et de cachettes d’armes et munitions, en plus d’avoir abrité de nombreuses batailles livrées par les Moudjahidine pour s’affranchir du joug colonial.