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Oran: le Moudjahid Kaddour Benayad se remémore la nuit de l’exécution des martyrs Cheriet Ali-Cherif et Selmani Chaâbane

ORAN – Le Moudjahid Kaddour Benayad, président de l’Association de wilaya des anciens condamnés à mort d’Oran, se remémore la nuit du 27 janvier 1958 où il s’est réuni avec les martyrs Cherit Ali-Cherif et Selmani Chaâbane avant leur exécution par le colonisateur français à la guillotine, à l’aube du jour suivant.

Agé actuellement de 86 ans, le Moudjahid Kaddour Benayad a souligné, dans une déclaration à l’APS: « Il était environ six heures du soir, le mardi 27 janvier 1958, lorsque, avec Cheriet Ali-Cherif et Selmani haâbane, nous avons été transférés vers la cellule N 13 du couloir de la mort de la prison d’Oran en vue de l’exécution de leur peine, sans qu’ils ne soient au courant ».

Il a ajouté que les deux martyrs lui ont indiqué que leurs avocats les avaient informés de l’intention des autorités coloniales d’exécuter la sentence, la condamnation à mort contre eux, le lendemain.

Le martyr Cheriet Ali-Cherif lui a remis une série de photos de ses quatre enfants pour les remettre au Moudjahid Fettah Benabdallah qui, de son côté, devait les remettre à l’avocat du Front de libération nationale pour les transmettre à son épouse.

M. Benayad se souvient que lui et les deux martyrs Cheriet Ali Cherif et Salmani Chaâbane se sont levés, avant l’aube, pour accomplir la prière et ont attendu les bourreaux.

Parmi ces derniers, se trouvaient un procureur, un juge, le directeur de la prison et un groupe de gardiens, en plus d’un imam.

Les geôliers leur ont enlevé les chaînes et leur ont attachés les mains dans le dos, avant de les traîner hors de la cellule.

Juste avant l’exécution, Cheriet Ali-Cherif s’est adressé à ses bourreaux, leur disant que « la France n’aura aucun avenir en Algérie », avant que le Moudjahid Benayad scande des slogans dénonçant les crimes coloniaux perpétrés par les français.

Les deux martyrs ont alors commencé à scander « Allah Akbar » et le reste des prisonniers de leur répondre : « Allah Akbar » et « Vive l’Algérie ».

Le président de l’Association de wilaya des anciens condamnés à mort à Oran a indiqué que « suite à l’exécution de la peine de mort contre Cheriet Ali-Cherif et son compagnon, et les sévices dont ils ont fait l’objet avant leur exécution, la délégation du Front de libération nationale, qui participait aux négociations avec les autorités coloniales, a décidé de suspendre les pourparlers, obligeant la France à abandonner les exécutions de la peine de mort par guillotine et à passer aux exécutions par balles ».

 

Un fidaï sauvé de l’exécution par les Accords d’Evian

 

Le Moudjahid Kaddour Benayad, né en 1938 dans la région d’Ami Moussa (Relizane), a rejoint la glorieuse guerre de libération, au début de l’année 1957, en compagnie de son ami Mimoun Benmohamed, et ont été chargés de mener une opération de fida, après trois semaines d’entraînement aux armes, dans le quartier d’Eckmühl dans la ville d’Oran.

Selon son témoignage, les deux fidaï ont mis en exécution leur mission, après que le fidaï Chebli Ghouti de la wilaya de Tlemcen les a rejoints. Ce dernier est tombé en martyr lors d’une autre opération, au quartier de Gambetta (aujourd’hui Es-Seddikia), après un accrochage avec les forces coloniales.

Quelques jours après, soit le 13 juillet 1957, une autre opération a été menée à Haï Carteau pour venger la mort de leur compagnon, le chahid Chebli. Ils ont été, ensuite, arrêtés et torturés à la prison d’Oran, avant d’être déférés devant le tribunal militaire, qui les condamna à mort. L’exécution de cette sentence a été retardée, puis annulée grâce aux Accords d’Evian.

Après l’exécution de Cheriet Ali-Cherif et Selmani Baghdad, le Moudjahid Kaddour Benayad fut transféré à la prison d’El-Harrach, puis à la prison « Lambèse » de Batna, en 1961, et a été libéré en mai 1962.

M. Benayad a mis l’accent sur l’importance de collecter tous les témoignages des autres condamnés à mort d’Oran, qui sont toujours en vie, soit 15 Moudjahidine seulement, et lier des contacts avec les jeunes pour les sensibiliser sur l’importance des sacrifices consentis par les Moudjahidine, en compagnie de leurs frères martyrs, pour que l’Algérie vive libre et indépendante et la nécessité de les prendre comme exemple pour défendre et servir la patrie.

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