La bataille de Beni Boustour à Chlef, des faits d’armes ancrés dans la mémoire collective
CHLEF – La bataille de Beni Boustour, 16 janvier 1958, dans les environs de la commune de Beni Bouâtab, au Sud de Chlef, constitue une halte impérissable dont les faits d’armes sont ancrés dans la mémoire collective, et durant laquelle les moudjahidine ont réalisé une victoire écrasante contre les forces coloniales françaises.
Cette bataille, menée par la Katiba El Karimia sous le commandement de Tahar Bouchareb et son adjoint Si Omar, dans une région constituant un carrefour vers les postes ennemis disséminés dans les monts de l’Ouarsenis, traduit au plus haut point la maîtrise de l’art de la guerre et du combat qui caractérisait les moudjahidine de l’Armée de libération nationale (ALN), qui, en dépit de leurs moyens dérisoires, ont réussi à vaincre un bataillon entier de militaires français armés jusqu’aux dents.
« La guerre de libération nationale dans la wilaya historique IV a été étayée par d’innombrables faits d’armes et actes héroïques, dont la victoire retentissante remportée par les moudjahidine dans la bataille de Beni Boustour, constituant jusqu’à nos jours, un sujet de fierté et d’orgueil pour les générations de l’indépendance », a souligné le président de l’association historique El-Madjd », Amari Doumi, à la veille de la commémoration de l’anniversaire de cette bataille.
« Aujourd’hui plus que jamais, il est de notre devoir de documenter les faits et événements de cette bataille pour préserver l’histoire de la région, mais surtout rendre hommage à l’héroïsme des moudjahidine et des chouhada, tout en rappelant les crimes perpétrés par le colonisateur durant cette période de l’histoire de l’Algérie », a-t-il ajouté.
« La bataille de Beni Boustour demeurera un témoin indéniable de l’héroïsme de la Katiba El Karimia, qui malgré ses moyens dérisoires a su battre en brèche la supériorité en nombre et en armes, des soldats français, grâce à une maîtrise hors du commun de l’art de la guerre », a estimé le vice président de la section de Chlef de l’Académie de la mémoire algérienne, Mohamed Lazâar.
Outre la victoire « fulgurante et écrasante » des moudjahidine dans la région de Beni Bouâtab, wilaya historique IV, du fait de sa courte durée, l’importance de cette bataille réside, également, dans son bilan exceptionnel, a-t-il dit.
La bataille s’est soldée, en effet, par la mort de 95 militaires français et la capture de 28 autres, dont trois officiers, outre la récupération de 123 pièces d’armes, des dizaines de grenades, des munitions, des tenues et un appareil de transmission, selon les informations fournies par la direction locale des moudjahidine.
Une parfaite maitrise de l’art de la guerre
A la veille du 66e anniversaire de cette bataille mémorable, des moudjahidine, ayant survécu à cette épopée, ont assuré à l’APS, que cette dernière restera gravée à jamais dans leur mémoire, comme synonyme d’ »une victoire écrasante contre un ennemi largement plus équipé, en moyens humains et matériels ».
Faisant la chronologie de cette bataille, le moudjahid Mohamed Seghir Nemmar a affirmé que les moudjahidine ont mis six (6) jours à planifier cette embuscade menée par la Katiba El Karimia (en hommage au commandant de cette patrouille, Chahid Si Abdelkrim, mort au combat en 1956).
Mu par un sentiment de fierté au souvenir de cette bataille, ce Moudjahid a assuré qu’il se rappelle, à ce jour, de chaque détail de ce haut fait d’armes, notamment la surprise des soldats français par l’attaque fulgurante qui ne leur a laissé aucune possibilité de fuite, ce qui a permis aux moudjahidine de remporter cette bataille, en un court laps de temps, avec la capture d’un nombre important de soldats français, mettant ainsi fin aux actes de brutalité, d’oppression et de torture perpétrés par l’armée française dans la région.
Selon le Moudjahid Mohamed El-Boustouri, la victoire des moudjahidine dans cette bataille « a positivement impacté la lutte dans la wilaya historique IV. Elle a considérablement remonté le moral des populations locales, longtemps victimes des tortures et oppressions de l’armée coloniale, d’autant plus que la région de Beni Bouâtab constituait une zone de transit pour les moudjahidine vers et depuis les différentes zones de la wilaya historique IV », a-t-il expliqué.
La bataille de Beni Boustour fait partie des « meilleures embuscades menées par la Katiba El Karimia contre l’ennemi français, et le 16 janvier 1958 est une date historique dont nous avons le devoir de relater les faits aux jeunes générations et d’en documenter dans la mémoire collective », a souligné le même moudjahid.
Selon les détails fournis par la direction des moudjahidine au sujet de cette bataille, l’endroit choisi pour cette embuscade était un ravin situé dans un lieu escarpé.
Le 16 janvier 1958, vers 14h, les membres de la katiba El Karimia ont commencé à poser les mines et à prendre leurs positions de façon à empêcher toute fuite des militaires français qui devaient arriver dans la région de Beni Bouâtab vers 16h, heure fixée pour l’assaut.
Le plan de cette bataille a été si bien exécuté, que les moudjahidine remportèrent la partie en quelques minutes seulement, avec à la clé, la mort de 95 militaires français et la capture de 28 autres, outre la récupération de pièces d’armes, de munitions, et d’un appareil de transmission qui a été utilisé pour tromper l’ennemi et le faire éloigner du lieu de la bataille, sans l’enregistrement de la moindre perte dans les rangs des moudjahidine, un véritable exploit en soi.