Les manifestations du 1er et 2 novembre 1961 à Djelfa, une importante halte historique
DJELFA – Les manifestations du 1er et 2 novembre 1961 à Djelfa constituent une importante halte dans l’histoire de la lutte de cette région contre le colonialisme français, qui n’a pas hésité à pourchasser et assassiner les manifestants sortis pour exprimer leur soutien à la Révolution et pour revendiquer l’indépendance de l’Algérie.
Dans un entretien à l’APS, le chercheur en histoire de la région de Djelfa, Slimane Kacim a estimé que les dates du 1er et 2 novembre 1961 évoquent une « mémoire de lutte ». Il s’agit, a-t-il ajouté, « de la sortie en masse des habitants de la ville dans une manifestation grandiose contre le colonialisme en réponse aux tracts distribués clandestinement par des cellules du Front de libération nationale (FLN) ».
Les manifestants se sont ébranlés à partir de la cité « Saâdate » jusqu’à la mosquée « Ben Maâtar », en passant par les quartiers Bordj El-Atik, Ain Echih, Miate Dar, et les abords la mosquée « Ben Dendina », pour rallier le centre-ville, qui a vibré à l’occasion aux sons des youyous stridents des femmes et des cris de « Vive l’Algérie », a indiqué, à l’APS, le jeune historien, qui possède à son actif plusieurs ouvrages historiques, dont certains publiés par le ministère des Moudjahidines et des Ayants droit.
Des hommes, des femmes, des enfants, des personnes âgées, des écoliers et des élèves des classes coraniques ont participé à cette marche grandiose, scandant d’une seule voix « Liberté pour l’Algérie », »L’Algérie musulmane » et « Vive le FLN », a-t-il précisé. Néanmoins, et en dépit du caractère pacifique de cette manifestation, les forces d’occupation françaises n’ont pas hésité à tirer sur les marcheurs qui furent encerclés de toutes parts et pourchassés à travers les quartiers et les ruelles de la ville de Djelfa.
Plusieurs manifestants sont tombés au champ d’honneur, et un grand nombre a été blessé, alors que d’autres ont été emprisonnés, selon la même source.
C’est durant ces manifestations que tomba au champ d’honneur, le Chahid Touir Attiya, un Moudjahid qui a rejoint la lutte armée en 1956. En voyant ses concitoyens maltraités et attaqués durant ces manifestations, il s’empara d’une mitrailleuse pour faire résistance à l’ennemi, mais il fut malheureusement touché par un coup de feu mortel des forces de l’occupation.
Ces manifestations ont constitué une véritable épopée historique, de par la qualité de leurs encadreurs, qui étaient des Moudjahidine aguerris, à l’image des Chahid Omrane Naâs, Hmida Merdjani, Rabah Ben Romane, Ali Menaouar, Zitouni Said, Yahia Halaoua et autres.
La vengeance des colonialistes ne se fit pas attendre, car plusieurs parmi les manifestants furent la cible de membres de l’Organisation de l’armée secrète (OAS), qui les traquèrent et les assassinèrent à Alger, rapporte la même source.
Selon les témoignages de nombre d’habitants de la ville de Djelfa, le docteur Mustapha Khodja a soigné plusieurs blessés parmi les manifestants, au moment où l’hôpital de la ville a accueilli de nombreux autres parmi ceux qui ont pris part à cette marche pacifique que la France coloniale a transformé en bain de sang, avant de décréter un couvre-feu dans la ville.
Agé à l’époque de 14 ans, le vieux Mohamed Benhadi a déclaré à l’APS, qu’il gardait en mémoire tous les détails de cette marche grandiose à laquelle il a pris part, en scandant haut et fort « Vive l’Algérie libre et indépendante », se rappelle-t-il, visiblement ému.
« Aujourd’hui encore, je ne rate jamais une occasion pour raconter ces manifestations à mes enfants et à mes petits enfants, au même titre que tous les combats et luttes menés par les enfants de cette région, qui à l’instar de ceux des autres wilayas du pays, ont gravé leurs noms en lettres d’or dans l’histoire de l’Algérie », a-t-il dit.
Ces manifestations étaient « le meilleur moyen pour exprimer l’adhésion et l’attachement des Algériens à leur Révolution et à leurs chefs révolutionnaires, et pour faire échec aux manœuvres coloniales », a estimé, pour sa part, Abdelkader Koubaa, enseignant spécialisé en histoire moderne et contemporaine à l’université Ziane Achour, et responsable du conseil d’histoire de l’Organisation des moudjahidine de la wilaya.
A noter qu’une fresque murale a été réalisée en novembre 2015 pour commémorer ces manifestations.