Lutte contre les flux migratoires vers l’Espagne: la collaboration du Makhzen est tributaire des fonds reçus
ALGER – La supposée collaboration du régime du Makhzen dans le refoulement des flux migratoires prenant d’assaut régulièrement les enclaves espagnoles Ceuta et Melilla avant d’opter, une fois sur place, pour d’autres pays de l’Union européenne (UE), n’est que « chimère et n’est tributaire finalement que des fonds reçus », selon le site espagnol Estrella Digital.
Dans un reportage réalisé par le site intitulé « Le makhzen et son perpétuel chantage sur l’Espagne et l’Europe ! », de nombreux agents de la Garde civile et de membres des forces et des corps de sécurité de l’Etat espagnol stationnés à Ceuta ont affirmé sans ambages que les agents marocains de l’autre côté de la frontière collaborent en fonction des fonds que le Maroc reçoit de l’Espagne et de l’UE.
« Si elles reçoivent des fonds, les forces de sécurité marocaines (…) tiennent à distance les personnes qui tentent d’entrer à Ceuta, et si l’Espagne ne le fait pas, elles cessent de collaborer », ont indiqué plusieurs agents de la Garde civile espagnole sous couvert d’anonymat.
Dénonçant ce chantage, plusieurs autres agents de la Garde civile espagnole ont affirmé que cette façon de faire les a desservis et profité aux agents marocains qui grâce aux fonds de l’Etat espagnol et de l’UE disposent de meilleurs moyens.
« Les forces de sécurité marocaines, grâce à ces fonds, disposent de meilleurs moyens que la police et la garde civile espagnoles », a-t-on témoigné.
Et ces mêmes agents d’ajouter, désabusés : « Pendant ce temps, ce sont les agents de la Garde Civile espagnole qui sont en première ligne pour contenir les entrées illégales d’immigrants et se retrouvent la plupart du temps dans une mêlée avec les personnes qui tentent de franchir la clôture… et c’est là que les problèmes surviennent ».
Ils affirment que « la lutte contre les flux migratoires dépend des forces de sécurité marocaines, qui sont les seules à pouvoir contenir ces tentatives massives de pénétrer sur le territoire espagnol depuis le côté marocain ».
La journaliste du site espagnol a conclu son reportage, en notant que c’est cet état de fait qui est à l’origine des revendications des syndicats de la police nationale et les associations de la garde civile espagnoles portant sur leur demande « historique » d’augmentation des ressources, d’amélioration des protocoles et d’utilisation du matériel approprié.